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Global crisis: global solutions?

Publishing date
03 February 2009
Authors
Nicolas Véron

In this column for La Tribune Nicolas Véron looks at the global dimensions of the crisis and the existing policy instruments to address them. Among other issues, he sees a particularly glaring gap as regards the oversight of key non-bank global intermediaries such as audit firms, rating agencies, and clearing and settlement services providers.

C’est maintenant sûr, la crise est mondiale et ne laisse personne indemne. Elle est la première d’un monde multipolaire intégré, au moins depuis 1914. Les grandes économies ne partagent ni le même régime politique ni les mêmes références historiques, rendant plus difficile une action coordonnée. Nicolas Sarkozy a martelé à l’automne qu’une crise mondiale appelle des solutions mondiales, mais ces dernières ne sont aujourd’hui qu’un dernier ressort peu robuste par nature, et il vaut mieux gérer à un niveau plus local tout ce qui peut l’être, à commencer par la relance budgétaire.
L’urgence collective n’est pas la solidarité mondiale, qui supposerait une cohésion dont nous sommes loin, mais le maintien d’une économie ouverte qui donne à chacun ses chances de réussir. La mondialisation a permis à des centaines de millions de foyers d’échapper à la pauvreté ; une refragmentation du système serait un jeu à somme très négative, et tous les dirigeants en sont conscients. Or, celle-ci est en route, pas tant par les tarifs douaniers comme dans les années 1930, mais par l’instabilité macroéconomique, les distorsions de concurrence internationale, et les ruptures dans la chaîne de confiance. C’est à ces menaces qu’il faut répondre en priorité.
Les enjeux macroéconomiques sont peut-être les plus effrayants mais aussi ceux pour lesquels existent des outils mondiaux éprouvés : l’intervention du FMI et la coordination entre banques centrales, le cas échéant via la Banque des règlements internationaux (BRI) et les comités qu’elle héberge comme le Forum de la stabilité financière (FSF), qui a aidé dès avril 2008 à coordonner les réponses nationales à la crise. L’Union européenne peut aussi jouer un rôle marché de la dette souveraine suggèrentcomme elle l’a fait en Hongrie et en Lettonie. Hélas, les tensions sur le que 2009 sera une année active de ce point de vue. Les dévaluations compétitives sont un autre risque majeur, auquel le format du G7 ne permet plus de répondre — à supposer que tel ait jamais été le cas.

Une compétition mondiale équitable suppose, dans l’immédiat, une limitation des politiques de préférence nationale — sur ce point, c’est le débat en cours aux États-Unis qui donnera le ton — et des normes mondiales harmonisées sur les aspects clés de régulation. Les normes prudentielles fixées par l’accord de Bâle II ont mal passé le test de la crise : le comité de Bâle sur la supervision bancaire, également sous l’égide de la BRI, a engagé leur réexamen et on peut espérer des progrès à moyen terme. La crise met aussi sur la sellette les normes comptables IFRS. L’IASB, qui les édicte, a déçu par sa faible réactivité initiale puis son manque de résistance aux pressions politiques. La perspective de l’adoption des IFRS aux États-Unis semble à nouveau repoussée. En outre, les normes communes ne valent que si leur application locale est suffisamment homogène, ce qui est loin d’être le cas.
Afin de restaurer la confiance, il faudra enfin crédibiliser la supervision des quelques intermédiaires privés mondiaux dont le rôle est vital pour tout le système : les quatre grands réseaux d’audit, les trois grandes agences de notation et les grandes infrastructures de compensation et de règlementlivraison (y compris pour les dérivés de crédit), tous trop intégrés pour être surveillés séparément aux États-Unis, en Europe et ailleurs. Ainsi que, mais c’est à la fois moins urgent et plus difficile, les banques d’investissement et les hedge funds dont l’activité se déploie sur tous les continents.
Les institutions existantes peuvent traiter une partie seulement de ces impératifs, et elles ont toutes besoin d’être réformées. Le G20 est en train de remplacer le G7 comme format de rencontre au plus haut niveau. Un élargissement aux grands émergents est en cours pour le FSF. Le FMI y parviendra si les Européens renoncent à leurs droits de vote aujourd’hui excessifs, et les Américains à leur veto.

L’IASB vient d’annoncer une réforme de ses statuts mais il reste beaucoup à faire pour pérenniser son modèle original de gouvernance privée. Pour la supervision, aucune structure existante n’est bien adaptée : afin de sauvegarder l’intégration financière internationale, il faudra sans doute créer des institutions nouvelles. Qu’on le veuille ou non, Barack Obama et le Congrès américain sont seuls à pouvoir catalyser les débats correspondants pour le reste de la planète.

Les Européens, de leur côté, devront parvenir à mieux surmonter leurs propres divisions pour pouvoir jouer un rôle constructif. Le succès n’est pas garanti.

About the authors

  • Nicolas Véron

    Nicolas Véron is a senior fellow at Bruegel and at the Peterson Institute for International Economics in Washington, DC. His research is mostly about financial systems and financial reform around the world, including global financial regulatory initiatives and current developments in the European Union. He was a cofounder of Bruegel starting in 2002, initially focusing on Bruegel’s design, operational start-up and development, then on policy research since 2006-07. He joined the Peterson Institute in 2009 and divides his time between the US and Europe.

    Véron has authored or co-authored numerous policy papers that include banking supervision and crisis management, financial reporting, the Eurozone policy framework, and economic nationalism. He has testified repeatedly in front of committees of the European Parliament, national parliaments in several EU member states, and US Congress. His publications also include Smoke & Mirrors, Inc.: Accounting for Capitalism, a book on accounting standards and practices (Cornell University Press, 2006), and several books in French.

    His prior experience includes working for Saint-Gobain in Berlin and Rothschilds in Paris in the early 1990s; economic aide to the Prefect in Lille (1995-97); corporate adviser to France’s Labour Minister (1997-2000); and chief financial officer of MultiMania / Lycos France, a publicly-listed online media company (2000-2002). From 2002 to 2009 he also operated an independent Paris-based financial consultancy.

    Véron is a board member of the derivatives arm (Global Trade Repository) of the Depositary Trust and Clearing Corporation (DTCC), a financial infrastructure company that operates globally on a not-for-profit basis. A French citizen born in 1971, he has a quantitative background as a graduate from Ecole Polytechnique (1992) and Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris (1995). He is trilingual in English, French and Spanish, and has fluent understanding of German and Italian.

    In September 2012, Bloomberg Markets included Véron in its second annual 50 Most Influential list with reference to his early advocacy of European banking union.

     

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